grann Simone

Simplement Maman

‘‘Manman pa gen jou ferie’’, ce qui en créole haïtien signifie Maman ne chôme pas.

Je suis née à Fermathe, une petite localité située sur les hauteurs de Port-au-Prince. Ma maman n’était qu’une adolescente quand je suis née. Ce qui aurait pu être le début d’une histoire de tribulations a été le catalyseur d’une aventure de résilience et de bravoure qui a mis le jour à Atelier Ayizan que vous connaissez aujourd’hui.

Enfant, je me rappelle avoir vécu mes premières années dans les montagnes de Kenscoff chez mes grands-parents. Ma maman habitait alors en ville afin de poursuivre ses études universitaires et elle venait me rendre visite en fin de semaine. Les moments de son départ étaient souvent marqués de pleurs et de cris, si bien qu’au fil du temps, elle a usé de stratagème et de ruse pour partir en catimini. Ce n’est que des années plus tard, une fois devenue maman à mon tour que j’ai compris la grandeur de son sacrifice ainsi que la douleur qu’elle devait ressentir chaque fois qu’elle me laissait derrière en quête d’un lendemain meilleur.

         

Une des qualités que j’admire le plus chez elle, c’est sa capacité à faire preuve de courage et de créativité pour sortir de l’adversité. L’élégance est sa seconde nature. Partout où elle va, elle marie avec harmonie couleurs et formes, le tout accompagné d’un chaleureux sourire. Ma maman est aussi l’une de mes plus grandes inspiratrices et elle a donné noms à deux des entités qui font partie intégrante de ma personne : moi-même puis mon atelier de couture. 

     

En 2021, j’ai eu l’opportunité et la chance de confectionner à ma maman sa robe de mariée. C’était l’occasion pour moi de la remercier en utilisant mon talent et mon expertise.  

C’est peut-être cliché ce que je vais dire, mais pourtant c’est la vérité, j’ai été élevée par des femmes fortes. Après ma mère, ma grand-mère, Grann Simone comme on l’appelait, a le plus marqué mon existence. Grann Simone avait l’histoire dans la peau. Elle réunissait certains de ses enfants et petits-enfants le soir autour d’un grand feu de camp; et nous l’écoutions, une tasse de thé en main nous raconter les expériences qu’elle avait vécues dans sa jeunesse. Elle avait aussi l’allure d’une grande dramaturge, la plus simple histoire était racontée avec fougue et émotions.

       

En 2018, lors d’un voyage en Haïti, mon fils encore tout petit a eu la chance de rencontrer cette grande femme dont les récits ont marqué mon enfance. Grann Simone est décédée il y a de cela deux ans. Mon plus grand rêve était de lui ramener encore une fois Ayden, maintenant plus âgé pour qu’il en garde à son tour des souvenirs. Je me fais un devoir maintenant de la garder en vie à travers les histoires que je partage avec lui.

       

A l’occasion de la fête des mères qui approche, je tiens particulièrement à célébrer ces deux femmes sans qui je ne serais pas la personne que je suis devenue aujourd’hui. Je tiens aussi à souhaiter une bonne fête des mères à toutes les mamans.

                                                                         BJ Casseus pour Madame Ayizan                                                                                                                                                                                                                                                                      
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